mardi 29 décembre 2009

Réminiscence 2

Seul au bout de la grande table à finir mon repas, sous le halot de lumière jaune.
Tic-tac de l'horloge comtoise.
Mèmère partie traire la chèvre, dans la nuit douce.

lundi 28 décembre 2009

Triptyque des couleurs de l'estran



Les uns considéraient que cette situation imposée était inadmissible et qu'il fallait agir.



Les autres estimaient que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, que les choses se rétabliraient d'elles-mêmes.



Tous étaient catastrophés du temps perdu.

dimanche 27 décembre 2009

Triptyque du Chay




Petites traces insignifiantes



Repositionnement du souvenir



Constat d'une humeur étale

Angoulins (17), pointe du Chay, 27 décembre 2009


samedi 26 décembre 2009

Nous étions deux



à aimer la même femme, lui devant, moi derrière qu'il ne voyait pas, et quand nous entrâmes, dans ce dédale que désertent, à l'heure qu'il était, les meutes belliqueuses de chiens errants dans cet Istanbul silencieux, où les djinns sont embusqués parmi les ruines calcinées, où, dans la cour des grandes mosquées, les anges se blottissent dans le creux des coupoles, au chevet des cyprès qui murmurent avec les fantômes, des cimetières grouillants de spectres et couverts de neige, frôlant tous deux les mêmes égorgeurs à l'affût, les mêmes échoppes innombrables, les étables et les couvents, les fabriques de chandelles, les tanneries, je crois que je n'étais plus son poursuivant, ni lui le poursuivi, mais que je l'imitais, et qu'il était mon frère.

Orhan PAMUK, Mon nom est rouge, dernier paragraphe du chapitre "On m'appellera l'assassin"

Pourras-tu...

... lire le "roman russe"? J'aimerais partager ce récit avec toi. En revanche, je préfère qu'à l'avenir, on n'en reparle pas.

vendredi 25 décembre 2009

Pourquoi...


les insomnies ravageuses m'ont -elles épargné cette nuit ?
Est-ce l'univers d'Emmanuel CARRERE, dont le "roman russe", conseillé par François MATTON dans son blog, me fait traverser une étrange forêt de souvenirs que l'on partage curieusement. Depuis le début de septembre, l'histoire, la petite, la mienne, me fait des clins d'oeil et me donne des rendez-vous qui n'ont rien d'anodin...

25 décembre 2010

jeudi 24 décembre 2009

Triptyque de Nawel


24 décembre. Noël est déjà revenu.



Aucun souvenir d'un truc pareil.



Vivement l'an prochain !

Grafitti 3



Hésitation

Grafitti 2



Injonction

Gaston CHAISSAC,


Photographié par Doisneau


le vendéen, a attrapé la tuberculose en 1937.
Il a séjourné trois ans en convalescence à Clairvivre en Dordogne, de 1939 à 1942.


Citation 1

On invoque de moins en moins le "progrès" et de plus en plus la "mutation", et tout ce qu'on allègue pour en illustrer les avantages n'est que symptôme sur symptôme d'une catastrophe hors pair.

CIORAN, De l'inconvénient d'être né, Chap. VIII, 1973.

Laissez-vous porter


par ce fleuve d'aventures.

Les blagues intraduisibles 2

American beer is like making love in a canoe... fucking close to water.
(Monthy Python)

Pressage


Te prendre dans ma main
T'y regarder dormir
Puis sans te réveiller
Serrer le poing
Du jus de toi
Qu'on lapera
Dans un fou rire

Réminiscence 1

En 1974, les Rubettes entonnaient "Sugar baby love"
Ce con de ballon passait chez le voisin
Dimanches soirs honnis

mardi 22 décembre 2009

Prédation


Pareil à
L'asiatique frelon
En vol stationnaire
Dans ta salle de bains
Patientant
Impatiemment
Que l'abeille
Ecarte enfin
Le rideau de sa douche.

Laisse-moi mourir un peu



laisse-moi mourir un peu
laisse-moi un peu mourir

maintenant que je sais
qu’avec moi tu jouais

laisse-moi mourir un peu
laisse-moi un peu mourir

ne viens pas où je suis
t’entrevoir me détruit

laisse-moi mourir un peu
laisse-moi un peu mourir

si je pense à nos heures
quand nous riions je pleure

laisse-moi mourir un peu
laisse-moi un peu mourir

oublie que je te veux
et j’oublierai tes yeux

laisse-moi mourir un peu
laisse-moi un peu mourir


David LAFORE

lundi 21 décembre 2009

Insomnie


Parfois, au cours de longues traversées nocturnes,
Lorsqu'il nous semble qu'apparait dans un éclair
Le sens de toute chose
Et que s'étirent les veilles infinies d'une attente fébrile
Haletant d'un espoir ténu de retenir cette vision
Sachant les chiens au loin plongés dans un sommeil hâché
Et qui soudain se réveillant
Tirent leur chaîne, hurlent à la mort
Vers ces cieux déchirés où rêvent des enfants
Petits roulés en boule leurs songes contournés
Tout entier désireux de la chaleur des hommes
Du confort des seins d'une mère évaporée
Alors que sous les ponts s'étirent des eaux noires
Qui se perdent en des bains où prospèrent les monstres
Quand l'ombre des cyprès sous le vent se balance
Eclairant par instant des tombes délaissées
Sachant les Amours fades et les regrets ardents
Songeant avec effroi au retour livide
D'une aube crue à la chair insipide
Je pense à toi

Graffiti 1 d'amore





dimanche 20 décembre 2009

Les blagues intraduisibles 1

En anglais

The early bird catches the worm, they say. That means the early worm gets caught.



En allemand (la seule que je connaisse...)

Eine Kuh macht "Muh". Viele Kühe machen Mühe.

Dimanche 20 décembre 2009


Manzac sur Vern (Dordogne).

Bienvenue...


dans l'antre du maïeuticien des âmes fissurées, le bon docteur THORNE !

Toujours citer ses sources...

samedi 19 décembre 2009

Viens voir mon amour viens voir !



Pour accéder au blog de François MATTON, cliquer sur le titre de l'article.

Je ne sais pas

Je ne sais pas pourquoi la pluie
Quitte là-haut ses oripeaux
Que sont les lourds nuages gris
Pour se coucher sur nos côteaux
Je ne sais pas pourquoi le vent
S'amuse dans le matin clair
A colporter les rires d'enfants
Carillons frêles de l'hiver

Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais
Que je t'aime encore

Je ne sais pas pourquoi la route
Qui me pousse vers la cité
A l'odeur fade des déroutes
De peuplier en peuplier
Je ne sais pas pourquoi le voile
Du brouillard glacé qui m'escorte
Me fait penser aux cathédrales
Où l'on prie pour les amours mortes

Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore

Je ne sais pas pourquoi la ville
S'ouvre ses remparts de faubourgs
Pour me laisser glisser fragile
Sous la pluie parmi ses amours
Je ne sais pas pourquoi ces gens
Pour mieux célébrer ma défaite
Pour mieux suivre l'enterrement
Ont le nez collé aux fenêtres

Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore

Je ne sais pas pourquoi ces rues
S'ouvrent devant moi une à une
Vierges et froides froides et nues
Rien que mes pas et pas de lune
Je ne sais pas pourquoi la nuit
Jouant de moi comme guitare
M'a forcé à venir ici
Pour pleurer devant cette gare

Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore

Je ne sais pas à quelle heure part
Ce triste train pour Amsterdam
Qu'un couple doit prendre ce soir
Un couple dont tu es la femme
Et je ne sais pas pour quel port
Part d'Amsterdam ce grand navire
Qui brise mon coeur et mon corps
Notre amour et mon avenir

Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore
Mais je sais que je t'aime encore.

Jacques BREL

En voilà un...




...qui n'est pas optimiste

Si on l'écoute, on ne fait pas de petit, ce qui nous attend (et eux avec) est trop affreux.

Allumage

Juste là
Doucement
Passer le majeur
Trouver dans le noir
Le petit bouton
Interrupteur
Qui t'amènera
A la lumière

Pense-bête

- Garder le ciel dans l'enclos
- Ecouter la pluie qui ne tombe pas
- Déverrouiller les Chakras clos
- Supposer des incongruités affectives
- Prendre le temps par les sentiments
- Tenter de somnoler quelque chose
- Acheter du dentifrice Fluoryl
- L'oublier 1mn35 par jour pour commencer

Rumble


Suivi la rivière
Qui défilait
Dans l’air frais d’une aurore rose et bleue,
Des filets de brume claire s’effilochaient en remontant des eaux noires
Tout autour et dans le lointain, la rumeur de la ville qui s’éveillait
Toute une vie grouillante
Bien au-delà des coteaux
Comme un grondement de bête affamée
Les flots de halos lumineux des files de véhicules
Longs serpents bienveillants
Impatients de faire vivre ce jour tout neuf
Aux autres vivants
Du monde encore endormis
Des chauffeurs invisibles derrière leurs vitres noires
De longues traînées de feu
Blanches et jaunes
Comme des traces de craie
Laissées par des enfants
Sur le sol granuleux
Un soleil à peine né incendiait l’horizon par-dessous les nuages
Et tout cet univers immense gris bleu comme l’ardoise,
Mauve et rouge mélangés comme des reflets de soie
Dans un coin de pénombre
Avec la certitude
Soudain,
Que tout irait au bout,
Que ce monde magique irait s’incendier
Se consumer dans une débauche d’horreurs
Une énergie joyeuse et cataclysmique
La fête païenne orgasmique fatale
Et perdue au milieu de cette vision extatique,
La petite musique de ton souffle
Que je devine au loin,
Quelque part dans la vallée
Avec la vie qui doucement
Sans impatience,
Palpite dans ta gorge.

Yaourt



Et dans mon coeur endolori
Gargouille encore
Une potion suave,
Et blanchâtre et laiteuse
Avec des vrais morceaux
D'icelle
Dedans

Endlessly

Dans la splendeur d'un soir de gel
Quand tombe la neige sur nos souvenirs
A la sortie d'un bar douteux
Au réveil d'une courte nuit
Au moment précis où tombe
Une goutte de pluie dans ton cou
Quand tu retires ta main
Au fond des bacs de livres de la bibliothèque
En me relevant de lacer mes chaussures
En apercevant Guillaume qui passe là par hasard
Au moment où sonne mon réveil
(ça fait longtemps que je ne dors plus)
En lisant Bertrand Belin sur la tranche d'un CD
En observant un bouquet fané
Quand vibre mon portable
Sur l'esplanade du multiplex
Derrière le rideau de ta douche
En voyant ton sourire qui illumine
Ton visage et ma vie
Au retour du supermarché
Quand mon coeur saigne ton absence
A l'horizon de ma folie
En enfourchant une moto jaune
Quand tu sors du freezer
Des blocs de soupe congelée
Quand je regarde mes mains
En souvenir de ta salive
Dans un faisceau de lumière verte
En sortant de la pharmacie
(où je suis allé pour toi)
Au plus fort de l'averse
En sentant ton odeur sur mes doigts
A chaque instant de mon existence
Je te veux

Ô la belle nuit

Enveloppe d'oubli

Mouvizes


Les halls de cinéma
Sont des gouffres sans fond
Des déserts sans fin
Où soufflent des ombres
Malveillantes

La perdue



A quoi pensez-vous derrière ces branches
De quoi sont faits vos jours ?
De quoi donc vos songes ?
Fait-il si beau là-bas,
Où vous êtes à présent,
A regarder vos mains sans les reconnaître ?
A mettre dans ma voix,
Rien de plus que ma voix, fait-il si beau là-bas ?
A moins d'un jet de pierre de vous,
Je me suis installé,
Confiné à l'orée.
Pourquoi mettre tous ces arbres autour de vous ?
La maison s'occupe t-elle bien de vous ?
Pourquoi mettre tous ces arbres autour de vous ?
L'eau bout et la buée,
Recouvre la prairie,
Recouvre la sortie des écoles,
Recouvre tout ici, ça vous me l'aviez dit,
Ainsi qu'aviez dit: je sens bien un piège...
Vous écoutais-je ? Vous écoutais-je ?
Pourquoi mettre tous ces arbres autour de vous ?
La maison s'occupe t-elle bien de vous ?
Pourquoi mettre tous ces arbres autour de vous ?
"La perdue" voilà comme l'on vous nomme :
"La perdue"
A vos yeux rompus à l'esquive l'on devine :
Qu'on a brûlé les archives! l'on devine...
Pourquoi mettre tous ces arbres autour de vous ?
La maison s'occupe t-elle bien de vous ?
Pourquoi mettre tous ces arbres autour de vous ?

Bertrand BELIN

Pour voir le clip, cliquer sur le titre.

vendredi 18 décembre 2009

Il me semble que j'ai froid


A l'intérieur
Je ne vois qu'un horizon de lumière
Blanche
Vide et glacée
Au-delà du rideau
Des orgues lacrymales
Ce que je perçois est un songe
La réalité est absence
De l'essentiel

Intoxication



J'ai goûté le poison de tes lèvres

Home (suite) Home (suite) Le dernier article de François MATTON



Moulin. Marion (quatre ans) me montre un « beau dessin », censé représenter un « moulin à vent ». Je lui demande où est le moulin arrière. Elle me regarde avec indulgence, retourne sa feuille, et dit en me montrant le verso vierge : « Il est là. » Il ne faut jamais plaisanter avec les enfants.

Gérard Genette, Codicille, Seuil.

Pour accéder au blog de François MATTON, cliquer sur le titre de l'article.

Le temps est à la suie

Et dans son âme
Il neige
Des flocons noirs.

Souvenir d'octobre 2009


Dictionnaire des tracas de la vie quotidienne
C. MURILLO, J.C. LEGUAY, G. OESTERMANN
le Seuil, p. 155

Sans titre

Rien n'est beau comme
La fenêtre de la voisine
Lorsqu'elle s'absente
Et que subsiste
Dans la pénombre
Le souvenir léger
Des mouvements
De son pull rouge
Et qui est là
Qui est là
Au creux du songe
Qui te souffle malicieusement
Que toi aussi
Ce pull écarlate
Tu l'enfilerais bien
Pendant qu'elle-même
Y est encore
Pour vérifier
Qu'il est bien rouge
Comme le souvenir
De la pénombre
Qui subsiste
Dans la fenêtre
Pendant l'absence
De la voisine
Que rien n'est beau comme.

La légende de la nonne

Ce n’est pas sur ce ton frivole
Qu’il faut parler de Padilla,
Car jamais prunelle espagnole
D’un feu plus chaste ne brilla ;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Victor HUGO

Horloge

Ton lit est une pendule
Ton corps indique les heures
Le mien marque les minutes
Au centre, nos lèvres se touchent
A 4H20 nous ferons l'amour.

Avoue



Cliquer sur le titre vous mène chez François MATTON, page de ce dessin.

Offrande

Je voudrais pas crever
Sans avoir vécu
Ce matin de soupente
Où sous l'impact des baisers
Picorés
De ton front de lumière
Sans oublier aucune parcelle
De ton visage
Tu reflueras
Jusqu'au lit
Où tu sombreras
Epanouie et offerte
Comme un paquet cadeau
Bien emballé
Que tout d'abord
Fébrilement
Et fasciné
On n'ose pas toucher

Gageure


26 j.s.a.

1 j.s.c.l.

Lequel tiendrai-je le plus longtemps ?

Algésie


Hémorragie maximale
Vendredi 13 novembre.

Sans toi


Jour pâteux figé gourd et terne
Jour de soleil lent et fade
Jour creux apathique aride
Jour d'attente morne et froid
Jour sans toi

Plaie ouverte

C'est un trou de verdure où je ne vais plus guère
Les haillons d'argent au bord de la rivière
N'ont plus d'attrait
Tant de monde en ce petit val
Qui mousse de rayons
Où il me plaisait
De me croire seul à tes côtés
Désormais chaque fois
J'en reviens écorché
D'un trou rouge
A la poitrine

Vol de nuit


C'est l'heure où le silence écrase la nuit.
Ses efforts assourdissants me réveillent.
Les angoisses des hommes gavées d'obsessions
M'accablent.
Je voudrais vivre mais
Aucune source qu'auprès de toi ton souffle.
Je viens au plus près.
Je capte tes rêves.
Je te recueille et te détaille :
L'imperceptible frémissement.
Pas de doute,
Tu pars au grand largue.
Du bout des lèvres je cueille
La fleur de ta peau
Qui frissonne
Et parcours des yeux
Tes chemins creux.
Je les survole de si près.
Un champ de luzerne soudain
Frémit de mon soupir
C'est là que je veux être
Et fiévreusement
Patienter
Que tes songes m'apportent
A boire
Un peu de ton eau sacrée.

Tes délices



Je songe avec envie à l'eau bleue

dont je vis danser l'éclat de l'onde,

A ta peau, j'humais l'écorce

des grands aulnes

et les fougères nous tatouaient le dos,

Tout le jour, tes délices j'en rougirai toujours,

tour à tour, tes délices,

Me ravirent j'avoue.

Je songe avec envie à l'écume de jade,

aux violentes cascades,

A ta bouche, rose bonté ronde chose que,

ceint de vents amers, je crois toucher encore.

Je songe, comme je me livre aux grands arbres tranquilles

A l'oubli, vilaine vague vile, qui voudrait tout saisir,

Comme est vain de vouloir songer moins

au plus beau de ces fables,

Choses inoubliables...



Bertrand BELIN

Jeu



Patiemment

Avec raffinement

Jouissant du temps qui passe

Savourant la souffrance

Lente et perverse

De ses yeux noirs

mi clos souriants

La tigresse

Comme avec une loque

Se joue d'un moribond.



samedi 7 novembre 2009

Point de départ, pas d'arrivée.



Une femme

Dans un train.

A l'heure de grande lumière

Après tout

Un pays de bois et de soleil

Qui bronzait les falaises

Et les freins qui crissent

Des humains trépassés

Par les événements

Chacun de son côté

Sur un chemin privé ou bien là-bas

Dont une qui

Lisait

Dans cette verdure immense et ravagée

Jusqu'au moment de

Broyer les songes et déjà

Comment t'oublier ?

jeudi 17 décembre 2009

Irradié


ça y est.
La nuit ardente
Sans recoin d'ombre
Aucun lieu de repli
Son incandescence
Son indécence si lumineuse
Et la combustion fraîche
En cette nuit d'octobre
De ses deux seins petits
Crâmée dans tous les sens
Et longtemps encore
Comme perforé
De douces craintes
Dans ma bouche,
Le goût de sa salive.

Quand tu dors


Il ne se passe pas rien

Dans le creux des chemins

Sourdent les eaux

souveraines

Frémit le fil vibrant

Mais il faut tendre l'oreille

Je batifole et je lévite

Je te survole

Et je te frôle

Rien ne ridera

Ce soir

Le miroir des rêves que

Sans doute

Tu poursuis

Bien au-delà du bien que je te souhaite

Pas mal par delà le mal qu'on se donne

A vivre

Ensemble

C'est l'heure

Où tout semble haleter

Dans l'attente figée

D'un soupir

Comme le dernier souffle de la vie

Du coeur qui me lâche

Dans le creux des chemins

Il ne se passe pas rien

Quand tu dors.

Filets d'eau


Il pleut.
Du haut de la vitre s'allongent
Des gouttes qui roulent
En zigzags bizarres et aléatoires
Jusqu'au bord de ce carreau
Crasseux noir
A travers ce filtre étrange
s'invente un monde triste
Mais vivant
Errent sans fin
Une vieille chienne
Aux tétines lasses
Poil gris et sale
Gueule ouverte comme un sourire
Un pauvre hère
Qui tend la main
Crevassée rouge des plaies
Barbe en buisson
La femme au pull multicolore
Trop grand
Le ventre comme une pastèque
Lourd comme le destin de plomb
Et qui s'arqueboute
Avec toute l'énergie
De la vie
Sur une poussette où somnole
Un bouchon frisé
La mamie en mauve
Et son cabas
Gris
Qui couine de rouille
Sur le pavé lisse
Humide
Et cette senteur
Moite
Cette touffeur
Qui prend la gorge
Ces remugles d'ennui
Qui plongent
De sombres émois
Aux froides heures
De l'angoisse enfance
Pourtant
Pourtant
Malgré l'eau brune
Qui assassine
Patiemment
L'espoir
De ses volutes insensées
Sur ce carreau sali
Je sais ton sourire
Et tes yeux noirs
Quelque part
Dans la ville
Et qui tendrement
M'appellent